Viniyoga

Qu'est-ce que le yoga ?

 

En sanskrit, la racine yuj signifie :

(1) « réunir deux choses », « unir » : réunir le corps et l’esprit, réunir un
professeur et son élève…

(2) « faire converger les mouvements de l’esprit », aller dans la même direction,
faire converger nos chemins que ce soit ici sur ce site ou lors d’une pratique individuelle ou collective…

Une autre signification du yoga, c’est celle « d’atteindre un point qui n’a pas encore été atteint, par exemple, plier le corps pour toucher nos orteils ou à travers un texte ou un échange, parvenir à une certaine compréhension ». 

Le yoga signifie aussi « agir avec pleine conscience et une totale attention »

(T.K.V. Desikachar).


Le yoga ne se résume pas à des postures, c’est une discipline de vie, un art de vivre, un soutien, un compagnon de vie et bien plus encore. Au plus profond de sa démarche, l’apprenti yogi cherche la libération de ses souffrances, le plongeon au plus profond son être pour y trouver le lâcher-prise, la paix, et la sérénité.

Qu’est ce que le viniyoga ?

La tradition

Le terme viniyoga apparait dans le troisième chapitre, sixième aphorisme des Yoga-sūtra de Patañjali, grand texte de référence du yoga.

« tasya bhūmishu viniyoga »

« L’application (viniyoga) de cela (tasya) se fait par étapes en fonction des niveaux (bhūmishu)»

À l’origine, ce principe était appliqué seulement à la méditation mais depuis les années 1980, T. Krishnamacharya a développé cette idée en l’appliquant également à la pratique des postures (āsana) et des techniques de respiration (prānāyāma).

Le viniyoga n’est pas un style de yoga, il s’agit d’une pédagogie de transmission au plus près des besoins de l’élève. En effet, le viniyoga tient compte de la constitution, des spécificités et des besoins de chacun en fonction notamment de l’âge, la profession, des habitudes de vie, de l’état psycho-émotionnel, des difficultés de santé etc.

T. Krishnamacharya disait : « Ce n’est pas la personne qui doit s’adapter au Yoga mais le Yoga qui doit être ajusté à chaque personne » 

Ainsi, le viniyoga était traditionnellement enseigné lors de cours individuel. Avec le temps et le développement de la pratique, l’enseignement s’est généralisé en cours collectifs et il est possible lors de votre première séance que vous ne fassiez pas beaucoup de différences avec un cours de hatha yoga.  Cependant, en viniyoga, nous mettons l’accent sur une progression graduelle (1) durant la séance mais aussi (2) sur l’année au fil des saisons (vinyāsa). Les séquences suivent un ordre et une logique dans leurs constructions et surtout elles tendent vers un but précis.  

Pour qui ?

  1. Pour ceux qui cherchent un yoga doux : pas de postures acrobatiques, pas du sueur non plus, ni de performance physique en vue alors si c’est ce que tu recherches dans le yoga, le viniyoga n’est peut-être pas fait pour toi. Le viniyoga ne se veut pas intense ou dynamique (même s’il peut clairement l’être), un travail en douceur, en sécurité et au rythme de la respiration est privilégié.
  2. Pour ceux qui cherchent à respirer : le viniyoga se pratique en conscience avec la respiration, chaque mouvement se fait sur une phase ventilatoire précise et se fait à son rythme (pas celui du professeur).
  3. Pour ceux qui cherchent à se recenter et à ralentir : le viniyoga n’est pas qu’une pratique posturale, c’est une reconnexion à soi, une façon de vivre en harmonie avec son corps, son souffle, ses pensées, ses émotions. C’est un moment de calme et d’apaisement.

En pratique, cela donne quoi ?

Les cours commencent classiquement par des postures de préparation qui viennent échauffer et étirer spécifiquement les zones du corps sollicitées par les postures centrales de la séquence. Les différents āsana s’enchaînent plusieurs fois, de façon dynamique au début puis progressivement en statique. Les contre-postures et les temps de repos ont également une place très importante, ceux-ci visent à garder les effets positifs des postures tout en effaçant leurs effets négatifs.

Selon le temps des cours allant de 1h à 1h30, les séances sont englobées soit par des prānāyāma ou des exercices respiratoires en cohérence avec la séquence. Il peut s’agir aussi de relaxation, de visualisation, de récitation de mantra ou encore de méditation.

En viniyoga, le professeur ne guide pas systématiquement son élève en reproduisant les postures, il donne des consignes oralement et ajuste l’élève dans sa posture. En effet,  la coordination des gestes au rythme de la respiration est primordiale et comme nous avons tous un rythme respiratoire différent, il apparaît important que chacun aille à son propre rythme.

L’accent est toujours mis sur l’adaptation à chacun par une attention particulière et des corrections individualisées. Les cours individuels en complément des cours collectifs restent très courants en viniyoga car ils permettent d’une part à l’élève un meilleur suivi et d’autre part à l’enseignant de pouvoir mieux guider son élève dans sa progression.

La pratique est accessible à tous, à tout âge et quelle que soit la condition physique, chacun part de là ou il se trouve.

Le viniyoga, une lignée

Une lignée est une succession de personnes qui se transmettent, depuis Patañjali, des traditions, des valeurs, des connaissances…en cohérence avec une histoire commune qui remonte loin dans le temps, cela avec des innovations personnelles en accord avec la transmission reçue des anciens.

T. Krishnamacharya

T Krishnamacharya (1888 – 1989) reçut l’enseignement de son père, dès son plus jeune âge. Orphelin à l’âge de 10 ans, il accomplit la majorité de ses études à Mysore. Il part ensuite pour un long périple afin de recevoir l’enseignement d’érudits renommés. Il obtient les plus hauts titres de toutes les écoles de philosophie indiennes. Il est persuadé que son role est de renouveler les bases du yoga pour le diffuser dans le monde. C’est au Tibet qu’il rencontre Rama Mohana Brahmacari, un ermite qui devient son maître de yoga durant 8 ans. Jugeant son élève prêt, il lui demandera pour tout paiement de retourner vers le monde, de se marier et de transmettre le yoga.

Alors, avec l’aide du Maharaja de Mysore, il fonde une école de yoga à partir de 1992. Deux de ses élèves de l’époque deviendront célèbres : Pattabhi Jois, fondateur de l’ashtanga yoga et B.K.S. Iyengar. De plus en plus sollicité pour le yoga et pour des problèmes de santé physique, psychologique ou spirituelle, il apporte des réponses adaptées à chacun. Il enseigne aux femmes – ce qui est inhabituel à l’époque – et aux Occidentaux. L’école de Mysore ferme en 1950 et T. Krishnamacharya s’installe à Chennai (Madras) où il poursuit l’enseignement et la thérapie qu’il transmet entres autres à son fils T.K.V. Desikachar, qui l’accompagnera jusqu’à sa mort en 1989, à l’âge de 101 ans.

T.K.V. Desikachar

T.K.V. Desikachar est né en 1938. Inspiré par les enseignements de son père T. Krishnamacharya, il renonce à sa carrière d’ingénieur et devient son étudiant en 1960. Il est connu et respecté mondialement comme une autorité en matière de yoga. Son enseignement englobe un grand nombre de notions sur le yoga, et ne se limite pas à la seule pratique posturale. Ayant enseigné régulièrement en Inde et sur d’autres continents, il a participé à de nombreuses conventions et conférences internationales. Il est décédé à Chennai le 8 aout 2016.

Bernard Bouanchaud

Yogi, yoga thérapeute, formateur de professeurs depuis de nombreuses années en France et à l’étranger, il a suivi l’enseignement de T.K.V. Desikachar lors de séjours réguliers à Chennai depuis 1976. Il est aussi conférencier, cofondateur de l’Institut Français de Yoga, fondateur de la Viniyoga Fondation France (VFF), auteur de livres sur le yoga, fondateur des éditions Agamat, grand connaisseur et vulgarisateur de l’Ayurveda et des textes fondamentaux du yoga. Il fait parti de ces hommes qui ont développé le viniyoga en Occident.

Biographies tirées du site Viniyoga Fondation France

« Ce n’est pas la personne qui doit s’adapter au Yoga mais le Yoga qui doit être ajusté à chaque personne »